Croire et guérir, La foi en Gaule dans l'Antiquité tardive
EAN13
9782213651194
Éditeur
Fayard
Date de publication
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Croire et guérir

La foi en Gaule dans l'Antiquité tardive

Fayard

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Ce livre tente de saisir, dans une période cruciale, la singularité de la
conversion de la Gaule au christianisme. A la différence de l'Orient ou de
l'Afrique, elle a en effet peu de martyrs, et leur culte s'y instaure
tardivement; la violence destructrice des chrétiens à l'égard des lieux de
culte païens est rare et localisée. Il faut attendre, à la fin du IVe siècle,
l'exorciste Martin, devenu évêque de Tours et évangélisateur, pour voir se
produire de nombreux miracles. Faut-il en déduire que l'équilibre païen
donnait toute satisfaction aux populations? Comment rendre compte alors de
l'exceptionnel succès rencontré ensuite, à partir du Ve siècle, par la
nouvelle religion? N'a-t-il pas fallu que le terrain fût spécialement propice
et fécondé par des hommes remarquables? Comment baliser ce parcours pour le
moins paradoxal?

Il est un lieu où se croisent, se focalisent, des séries d'informations que
l'on n'avait jusqu'à présent pas rapprochées: celles fournies par
l'archéologie _ sur la fréquentation, le mode d'utilisation, l'abandon des
sanctuaires réputés guérisseurs _ et celles procurées par la littérature
chrétienne _ sur les guérisons miraculeuses _, notamment la Vita Martini de
Sulpice Sévère.

Ces deux types de données permettent de marquer une nette différence entre les
symptômes courants des malades fréquentant les sanctuaires jusqu'au IIIe
siècle et ceux qui apparaissent à la fin du IVe. Le patient ne s'adresse plus,
comme jadis, à un lieu ni à un objet réputé pouvoir le guérir, mais à un
individu, à un homme: le saint. C'est bien le signe que l'on n'a plus affaire
à la même civilisation.

Le culte des saints (et de leurs reliques) n'a en fait rien d'une survivance
du paganisme contre lequel l'Eglise n'aurait lutté qu'en christianisant les
anciens lieux de culte. Il est au contraire le témoin d'un changement décisif:
un psychisme désormais tourné vers un dieu-sujet et révélé par des affections
et des symptômes inédits. Décelé par une partie de l'élite gallo-romaine, le
nouveau mode de croyance fait l'objet de la part de quelques grands lettrés
chrétiens d'une impressionnante prise en main intellectuelle et philosophique.

Adhésion parfaitement intériorisée, théorisation cohérente et conséquente: la
nouvelle religion repose dès le Ve siècle sur des fondements quasi
inébranlables...

Maître de conférences d'histoire ancienne à l'université de Perpignan, Aline
Rousselle est l'auteur, entre autres, de Porneia. De la maîtrise du corps à la
privation sensorielle, IIe-IVe siècle, Paris, 1983.
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