Que Mérimée transporte son lecteur en Corse, avec Mateo Falcone et Colomba, ou dans le Roussillon, avec La Vénus d'Ille, c'est à chaque fois pour le dépayser. Terre étrange, en effet, voire étrangère, que la Corse du XIXᵉ siècle aux yeux des Français continentaux : autre par ses paysages et son habitat, autre par la rudesse farouche du sens de l'honneur et de la vengeance au nom duquel on y règle les conflits dans le sang. Mais terre étrange, aussi, que cette Catalogne française, berceau énigmatique d'une Vénus gréco-phénicienne dont la «vengeance» signe une des réussites les plus justement fameuses de ce fantastique français (Nodier, Gautier, Balzac...) pétri d'intelligence, de profondeur et d'humour. Lire Mérimée, c'est, au-delà du divertissement, changer de vision du monde.