Partigia. Primo Levi, la Résistance et la mémoire
EAN13
9782072528675
Éditeur
Gallimard
Date de publication
Collection
NRF Essais
Langue
français
Langue d'origine
italien
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Partigia. Primo Levi, la Résistance et la mémoire

Gallimard

NRF Essais

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"Nous avions faim et froid, nous étions les partisans les plus désarmés du
Piémont et, probablement, les plus démunis […] Nous manquions d’hommes
capables, et étions au contraire submergés par un déluge de gens disqualifiés,
de bonne foi et de mauvaise foi, qui arrivaient de la plaine à la recherche
d’une organisation inexistante." Ces quelques lignes du Système périodique
révèlent un Primo Levi à la fois peu disert et très sévère sur les trois mois
qu’il passa dans le maquis, à l’automne 1943. La chute était logique et plus
encore, "conforme à la justice" : "Nous nous étions trouvés obligés en
conscience d’exécuter une condamnation et nous l’avions fait, mais nous en
étions sortis démolis, démoralisés, désireux de voir tout finir et de finir
nous-mêmes." Les deux résistants exécutés pour espionnage étaient innocents ;
aujourd’hui, leur souvenir est entretenu comme "victimes du fascisme" sur le
monument commémoratif à Turin. Le vrai mouchard sera condamné à la Libération,
sur la base notamment du témoignage de Primo Levi, de retour d'Auschwitz. Levi
avait échappé, le jour de son arrestation le 13 décembre 1943, à l’exécution
immédiate en se déclarant juif et non pas partisan. Tout l’enjeu de
l’éblouissante réflexion de Sergio Luzzatto est de nous restituer la tension
entre deux martyrologes, celui de la Résistance et celui de la déportation.
Cette tension traversait l’existence de Primo Levi, quand il dénonçait tantôt
au nom de son expérience de partisan les remontées néofascistes ou, au nom des
déportés raciaux, les offensives du négationnisme contre les camps de la mort.
Une fois encore, l’historien nous conduit fortement sur son territoire de
prédilection : comment une démocratie peut-elle célébrer unanimement ceux qui
la sauvèrent grâce au dissensus ?
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