Le Corporatisme, stade ultime du capitalisme
EAN13
9782213641447
Éditeur
Fayard
Date de publication
Langue
français
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Le Corporatisme, stade ultime du capitalisme

Fayard

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. Le corporatisme français est à nouveau accusé d’impotence, de gaspillage, on
le traite de tue-la-croissance, d’ennemi du pouvoir d’achat, de somnifère
criminogène. Cette vindicte le laisse froid, comme d’habitude au cours de sa
longue vie. Qu’il soit loué, vilipendé ou simplement négligé, « notre »
corporatisme n’a cessé d’affirmer une très belle et invulnérable santé. Dès sa
naissance, sa fonction est claire : assurer l’ordre social à l’intérieur d’un
espace géographique, concilier les intérêts individuels dont le contenu est
indissociable de l’exercice d’un métier, et un intérêt collectif dont
l’assurance est confiée au pouvoir politique. De sa naissance moyenâgeuse à la
fin de son adolescence, il vit à l’ombre d’une monarchie dont il constitue le
socle économique et social. Le corporatisme institue les métiers, lieux des
solidarités, mais aussi des affrontements, pour interlocuteurs permanents d’un
pouvoir politique chargé de pallier leurs carences éventuelles, d’arbitrer
leurs conflits et d’assurer les meilleures conditions à la réalisation de
leurs projets. Le destin du capitalisme mondial triomphant est tout à la fois
l’industrialisation généralisée, encore plus l’informatisation, l’inévitable
ploutocratie que porte en elle la prolifération de fortunes considérables,
l’exclusion aussi, bien sûr, mais plus encore le corporatisme, indispensable à
une stabilité sociale qui dépend de la classe moyenne, de cette immense armée
d’employé(e)s adonnés à des métiers de plus en plus spécialisés et, pour
certains, imprévisibles dans un futur plus ou moins éloigné. Le corporatisme
n’a jamais été ni suprême, ni supérieur, et il ne le sera jamais. Il lui
suffira d’être le stade ultime du capitalisme triomphant dont il fut le
prolégomène avant l’industrialisation, et dont il sera l’héritier une fois
apaisée la violence nécessaire à toute création, fût-elle de valeur. Le
capitalisme est condamné à n’être qu’une transition, d’autant moins durable
que son succès sera général et rapide. Après tout, le profit intelligent ne
devient-il pas rente ? Et le progrès technique, né du génie de quelques-uns,
incorporé et propagé à l’ensemble des peuples de la planète, n’a-t-il pas pour
raison essentielle, voire unique, de démocratiser le sort enviable des
rentiers, actifs et inactifs, assurés de la stabilité de leur condition ? Le
bref et brillant essai d’Alain Cotta scrute les mille et une adaptations du
corporatisme après l’abrogation des corporations par la loi le Chapelier sous
la Révolution, ses résurgences et ses redéploiements sous la révolution
industrielle, son précaire triomphe sous les fascismes allemand et italien,
sous Pétain, sa routinière continuation après guerre et son ultime
métamorphose avec l’abaissement des barrières et la globalisation, où les
excès du marché et les insuffisances d’une régulation languide continuent de
lui assurer une tranquille prévalence
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