Pèlerinages d’empire, Une histoire européenne du pèlerinage à La Mecque
EAN13
9791035105433
Éditeur
Publications de la Sorbonne
Date de publication
Collection
Bibliothèque historique des pays d’Islam
Langue
français
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Pèlerinages d’empire

Une histoire européenne du pèlerinage à La Mecque

Publications de la Sorbonne

Bibliothèque historique des pays d’Islam

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Cinquième pilier de la foi musulmane, le pèlerinage à La Mecque (ḥajj) attire
chaque année, depuis le VIIe siècle, des milliers de musulmans vers les villes
saintes du Hedjaz. Manifestation unitaire et identitaire du monde musulman, le
ḥajj semble à première vue n’entretenir que des rapports lointains avec une
Europe qui dispose à Rome, à Jérusalem ou encore à Saint-Jacques de
Compostelle de ses propres lieux de pèlerinage. Et pourtant, à la suite de la
colonisation d’une grande partie du monde musulman, les puissances impériales
européennes ont, de leur propre initiative ou poussées par les événements,
fait le choix d’une ingérence croissante dans l’organisation du pèlerinage à
La Mecque. Qui oserait imaginer que des voyageurs britanniques, français,
hollandais, russes, italiens et, dans une moindre mesure, autrichiens et
espagnols, déguisés en émir alépin en médecin afghan, ont franchi, parfois au
péril de leur vie, le périmètre sacré interdit aux infidèles, là où les
Musulmans des empires pouvaient se voir refuser, pour des raisons sanitaires
ou politiques, d’accomplir leur devoir religieux ? Qui se douterait encore
aujourd’hui qu’Aristide Briand ou Benito Mussolini, à l’instar des sultans
mamelouks ou des califes ottomans, ont attaché un soin particulier à la
préparation des caravanes de pèlerinage ? C’est ce « moment colonial » du ḥajj
que cet ouvrage cherche à retracer : loin d’avoir les yeux rivés sur leur seul
empire, les Européens n’ont cessé, des années 1840 au début de la décennie
1960, de s’épier, de s’imiter, de se jauger, faisant du ḥajj le terrain de
cette confrontation permanente. Ignorant les frontières impériales, les
pèlerins musulmans eux-mêmes ont contribué à faire du ḥajj une réalité
transnationale, suscitant en retour la crainte des autorités coloniales,
toujours promptes à voir dans cette manifestation l’ombre d’un complot
panislamique. Au fil des années, l’Europe n’en a pas moins accompagné la
transformation du ḥajj en un phénomène de masse, quand elle n’a pas cherché à
inventer de nouvelles formes de pèlerinage, avant que la réalité de la
décolonisation ne vienne réduire à néant les rêves de grandeur de ces «
puissances musulmanes ».
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