Charlotte D.

Antoine Desjardins

La Peuplade

20,00
Conseillé par (Libraire)
7 décembre 2021

Précieux, libérateur...

« Une claque. Un camion citerne remplit à ras-bord de claques tirées à bout portant avec un boyau de pompier. Le message était limpide : réveille, tabarnaque ! »

Cette citation prononcée par le protagoniste de « L'Étranger » - la troisième nouvelle d'Indice des feux - résume assez clairement le sentiment qui m'a progressivement submergé à la lecture des différentes histoires qui composent le recueil d'Antoine Desjardins.

Indice des feux : soit 7 nouvelles profondément liées pour conter notre rapport au vivant. 7 nouvelles pour dire l'émerveillement, la poésie, la douceur et la joie d'être au monde ; pour raconter le trouble, l'anxiété, l'impuissance - la stupeur.

Avec sa langue protéiforme, vivifiante. Avec mélancolie, avec un humour noir décapant, un phrasé direct, foudroyant de sincérité et de justesse, Antoine Desjardins nous délivre. Il pointe une voie nouvelle et nous invite à la suivre, loin des chemins tracés pour un monde en devenir qui déjà nous échappe.

Pierre

Conseillé par (Libraire)
31 octobre 2020

Traverser la peine

Nos deuils sont corps et langage parfois nous croyons qu'en mettant entre eux et nous des "fleuves, des frontières, des forêts" ils seront oublie. Mais oublier n'est pas guérir, n'est pas soigner, n'est pas reconstruire.
C'est ce que Thésée croit pourtant quand il part, lui, le " frère restant" pour Berlin tenter d'oublier la mort du frère, du père de la mère.
C'est ce que Thésée croit en arrivant dans ce pays qui pourrait leur servir à tous de tombeau.
Et pendant 13 ans Thésée va tenter d'être ce père, ce frère, cet homme-mère et d'aimer son foyer.
Mais, 13 ans après la fuite, le voilà bouleversé et aculé à sa peine Thésée, avec son corps qui chute et toute la peine qui parle à travers la douleur.
Mais Thésée va choisir de vivre et tenter de faire le chemin vers les souvenirs, s'autoriser cette quête des origines, accepter la genèse de certains jours heureux, même morcellés.
Et quand Thésée se souvient le narrateur se déploie pour devenir ce JE aussi pur et douloureux et blessé et beau et bancal et terrifié que la mémoire, que le secret que le silence qu'il tente de conjurer.
Et Thésée raconte : l'histoire de son enfance, l'histoire de sa famille, la généalogie des traumas, de ce qui s' est transmis pour que fils et mère naissent et meurent à des années d'écart à la même date, et que celui qui reste fasse le chemin, tire le file de la fragilité, et pour que celui qui survive raconte cette histoire.
Ce livre est aussi une réflexion politique : qu'a sacrifié à ses enfants la génération des trentes glorieuses et des baby-boomers ? Que nous a laissé ce capitalisme à visage humain si ce n'est une planète détruite ?
Ce livre dit aussi et surtout la fragilité des hommes. C'est un livre puissant, lyrique et universel qui accorde la place aux souvenirs, au désir de renouer avec l'enfance : celle de la liberté, des corps libres, des corps d'enfants dans la nature tout ces souvenir que la mémoire a laissé intacte et qu'il faut accepter d'aimer.
En ce livre, chacun trouvera un écho à ses propres deuils, à ses propres angoisses, à ses douleurs, à l'histoire de son corps, à sa mémoire et aux genèses qu'il porte en lui...
L'écriture, comme toujours chez Camille de Toledo est lyrique, poétique, intense. Psalmodiée et envoûtante.
Universelle et ancestrale.
Elle est un refuge, un bouleversement, un lieu où reposer ses peurs, ses tristesses, ses doutes, sa fragilité et au final sa joie."

22,00
Conseillé par (Libraire)
31 octobre 2020

Pour affronter le monde qui vient...

"Peut-être parce que dans ce livre, j'ai retrouvé ça : le calme de l'instant, le positionnement et l'absence, l'oubli du réel, peut-être parce que pendant quelques heures j'ai su ça : lâcher prise, mais peut être également parce qu'il y a dans ce livre le désespoir et la tempête, la joie et l’humour, la vie pleine puis le vide, parce qu’Emmanuelle Carrère est un génie de l’angoisse obsessionnelle, parce qu’il écrit cette phrase là peu commune au final :
" L'amour est compliqué pour moi comme je suppose pour tout le monde, pas le sexe qui est au bout du compte le mode de relation humaine dans lequel je suis le plus à l'aise et me montre sous mon meilleur jour. Je n'y attache aucune culpabilité, c'est un refuge et pas un gouffre."
Peut-être parce qu’il parle du yoga comme on pourrait parler de psychanalyse, peut-être parce qu’il parle de ces cerveaux – turbine parfois si difficile à débrancher, peut-être parce qu’il trace là un chemin dont on peut perdre les contours et vaciller, peut-être pour toutes ces raison là et pour la puissance de la langue, des fulgurances et de la précision des émotions, de cette introspection folle peut-être pour tout ça, ai - je aimé ce texte un peu fou de Carrère... Ce chemin autour d'une vie, ce temps de la bascule, quand, d'heureux que l'on croyait être, arrive le temps de la dépression, quand créer devient tempête, quand l'amour nous brusque et nous bouleverse. De ce texte, j'ai aimé le balancement, l'érudition généreuse, le détachement du moi, et son échec…
Pour toutes ces raisons, ce livre est, pour moi, une importante lecture.

One-Shot

La Croisée

21,50
Conseillé par (Libraire)
31 octobre 2020

Corps & Paysages

Comment peut-il y avoir autant de mélancolie et de grâce, de pudeur et de déchirures dans le corps et les paysages qui habitent ce livre ? Je vous en parle pour la deuxième fois par ici car il y a vraiment une force subjugante dans l'écriture de ce roman américain. Du Jim Harrison ( mon préféré celui de Sorciers ou d'Un beau jour pour mourir.. )... Il y a une grâce puissante dans cet air de ne toucher à rien d'autres qu'aux interstices entre les hommes, les secrets, les lacs, les montagnes, les reflets sur la glace... On y questionne la religion, les villages, les oublis, les femme battues, les amitiés, la pardon et la confiance, les lisières de l'amour, l'effleurement du désir, les solitudes mais tout se fait dans la délicatesse de ce que contiennent les montagnes, les sentiers, les aubes et les oscillations de l'eau sous la glace qui avance...
Une héroïne blessée, pudique dont le corps cahotant cristallise notre infini besoin de bienveillance, de réconciliation et de mélancolie...
Il est rare que je mette plus de quelques jours à lire un livre mais celui ci a accompagné les 3 dernières semaines et il m'a rendu heureuse...
Parfois n'en lire que quelques lignes et rêvasser à la suite de l'envoûtement que procure cette langue si proche des paysages pendant quelques heures, puis reprendre la lecture, être Las- bas dans la montagne, sentir mon corps souffrir comme le sien, les leurs et vouloir que ça ne s'arrête pas tellement est belle cette mélancolie du personnage mêlée au paysage... Une intrigue disséminée méthodiquement qui donne au livre ce rythme lancinant et pourtant assez de suspens pour toujours y revenir, délicatement, précisément, comme les secrets, les doutes, les attirances...
Un des plus beaux livres de cette année...

Conseillé par (Libraire)
31 octobre 2020

addictif !

Passionnant, addictif, une analyse presque en temps réel de notre société actuelle : macronie, gilet jaune, fin du PS, darknet.

Un petit cousin Germain du génial roman de Pierre Ducrozet : L'invention des corps.

Un texte ultra moderne, rythmé, impeccable !

On adore !